Tourmenté, déconcentré. [Nathanael ♥ Ichigo]

«[...] Vous montrerez la fonction première de ce texte en vous y appuyant
ainsi que sur vos connaissances du livre et de l'autreur. »

Deux ans. Cela faisait actuellement deux ans que je venais d'entrer dans la classe préparatoire aux études littéraire. Je n'avais jamais été un très bon élève, du moins, je faisais en sorte de ne jamais l'être. Mes professeurs m'avaient aidé à avoir mon diplôme d'école secondaire, j'allais entrer dans la cour des grands. Ils savaient bien lire en moi, j'étais peut-être un garçon dur, le fait est que j'avais du potentiel. Une culture certaine pour la littérature et ses auteurs mythiques. J'aimais les livres, les langues et l'art. Peu de personnes le savaient, je gardais mes petits secrets pour moi. J'étais un mur, une porte blindée à laquelle on se cognait lorsqu'on tentait d'en savoir un petit peu plus sur moi.

Deux ans, c'était énorme. Surtout lorsque je me voyais recouvert de devoirs jusqu'à la fin des vacances. Le pensionnat d'Imitsu avait fermé ses portes et les élèves étaient rentrés chez eux. Moi, j'avais voulu éviter de devoir rentrer en Ukraine pour rendre visite à mes parents. Je n'avais coupé aucun contact, il m'arrivait d'allumer mon ordinateur et de discuter avec eux via skype. Je leur passais aussi quelques coups de fil pour ne pas les inquiéter. Ils avaient eu vent de mon caractère irrespectueux des dernières années et m'avaient menacé d'arrêter de payer les frais d'inscription et de scolarité d'Imitsu Gakuen pour me faire revenir au pays et me faire travailler en tant que minier. Peu crédible, il fallait le dire. Nous n'avions plus besoin de miniers là-bas.

Je m'étais penché sur mon exercice de littérature. Un commentaire à rendre pour le mardi de la rentrée, un commentaire compliqué que je n'arrivais pas à boucler. Il me manquait quelques éléments d'analyse, quelques éléments pour la conclusion. Et ce blocage sur la dernière phrase du texte dont je n'arrivais toujours pas à comprendre le sens. Mes coudes posés sur la table basse sur laquelle je travaillais, mon visage vint se caler entre mes deux mains. Je massais mes tempes en soufflant longuement, la télévision était allumée. Je me levais pour l'éteindre, et revenais à ma place initiale. Essayant de me concentrer à nouveau, je relisais le texte avant de poser les yeux sur mon critérium. Je l'attrapais entre mes doigts, tentant de le faire tourner entre ces derniers, de plus en plus vite. Voilà une distraction beaucoup plus intéressante que monsieur Ueda et son texte sur les mœurs africains.

Dix minutes venaient de passer sans que je ne puisse avancer sur mon devoir. J'étais agacé, les sourcils froncés comme à mon habitude. J'étais sûr de ne jamais boucler cet exercice et je regrettais d'être entré dans une classe aussi difficile que la préparation littéraire. Je fermais les yeux, mes mains prenant appui derrière moi sur le sol parqué de ton appartement. Ma tête basculait vers l'arrière, je t'entendais t'activer dans la cuisine, préparant un petit plat pour me redonner un peu de force.

Ichigo, professeur de physique-chimie et actuellement, mon petit ami. Oh, il était évident que personne n'était au courant de notre relation, que ce soit à Imitsu comme à l'extérieur. Je voulais éviter le renvoi d'un si bon professeur, et rester dans la discrétion. J'avais horreur de ces filles dans la fleur de l'âge, fantasmant sur les relations homosexuelles de leurs camarades, leur inventant parfois une vie totalement fausse et à mourir de rire. L'odeur de la nourriture voyageait de narine en narine. Je t'imaginais déjà nous apporter nos plats, me retrouver avec le ventre plat et m'endormir...Non, je devais finir mon exercice. L'envie de me lever et de t'enlacer m'était venue, je la repoussais pour reprendre mon texte. Qu'est-ce qu'il disait déjà, Ueda ? Ah oui, que plusieurs tribus avaient...

J'entendais tes pas dans le salon, s'approchant tout doucement de moi. Tu n'étais pas discret, et j'en riais intérieurement. Tu traînais les pieds, comme à ton habitude et j'avais senti tes doigts dans mes cheveux. Je fermais les yeux, tu essayais de me tenter et de m'éloigner de mes exercices. J'avais eu une très mauvaise idée, de venir travailler ici, la concentration était impossible. Et puis, tu n'étais pas d'une très grande aide, la littérature, ce n'était sans doute pas ton truc. Non, tu préférais les atomes, la galaxie et tous ces trucs là. Je rouvrais les yeux, tu t'étais mis à genoux, je sentais tes cuisses se coller au bas de mon dos. Tes bras autour de mon ventre, ton visage dans mon cou. Je soupirais d'aise, ma main passait dans tes cheveux roux, doux et lisses. Puis, j'avais donné un coup de coude contre ton buste avant de ricaner et de m'exiler au bout de la petit table carrée.

« Je suis occupé, ça ne se voit pas ? Range plutôt ton bordel au lieu de m'emmerder. »

Dis-je, un sourire moqueur sur le visage alors que je tendais le bras pour récupérer mes affaires et essayer, en vain, de me remettre au travail.

Deux ans. Et oui, tout à changé durant ces deux années. Je ne vivais plus en tant que professeur de physique chimie, mais en tant que docteur. j'ai tellement vécu dans ma vie, qu'écouter ces idioties que sortent les profs du passé me donnait envie de leur foutre des baffes. Je changeai alors de cursus, et travaillai comme si j'ai toujours été un docteur, que je trouvais plus intéressant que le statu de professeur car cette fois si, je travaillais avec des étudiants, et non des lycéens. Et je n'avais pas tort. Mais bon, évidement, à cause des grèves répétées, du lycée qui se faisait de plus en plus vide je devais aussi trouver une autre occupation. Je faisais souvent de la guitare le soir, dans les bars, pour oublier un peu ma vie de prof insupportable et ennuyeuse.

C'était enfin les vacances. J'allais pouvoir profiter pleinement, me reposer, et surtout "te" voir. Car oui, tu vivais chez moi maintenant, et tout allait bien. Bon, c'est vrai qu'avec ton caractère de cochon, on s'engueulait souvent, mais j'adorais quand ça se finissait au lit pour se réconcilier. Il n'y avait rien de mieux.

Justement, aujourd'hui, vêtu d'un simple t-shirt noir, d'un jean et des bottes de même couleur, avec des chaines autour du cou, et des bagues, j'étais en train de préparer ton plat favori. Une bonne assiette de steak Frites. Oui, c'était assez simplet à faire, mais tu as toujours eu un goût pour la nourriture occidentale, voir américaine. Peut être parce que ta famille ne vient pas du Japon. Le bruit de la viande se faisait entendre légèrement, toi tu étais de l'autre côté de l'appartement à faire tes devoirs. J'étais content de savoir que tu prenais de plus en plus ta vie en main, toi qui séchait tout le temps lorsque tu n'étais qu'un lycéen. Ah, les gens changent, c'est impressionnant.

Je m'approchais doucement de la chambre, et je regardais ce que tu faisais, sans pour autant de déranger, je savais que tu allais mal le prendre. Mais voir ta petite bouille me faisait vibrer. Tu sais, est-ce que tu sais que depuis que tu as décidé d'aller en cours littéraires, on n'a pas fait l'amour ? Tu étais trop occupé avec tes devoirs, et lorsque tu finissais, soit tu t'endormais, soit j'étais déjà partie. Oui, j'étais en manque de ta chaleur, de tes bisous. Je te voulais.

Je suis reparti dans la cuisine pour finir le manger. J'avais fais un peu plus tôt des cup cakes, choses que j'adorais. Je suis un fan de sucre, même si l'acide reste ma saveur favorite. J'ai pris un grand plateau et j'y ai déposé l'assiette de frites et steak, et à côté les gâteaux. J'arrivais en essayant d'être le plus discret possible, mais je savais bien que je n'arriverai pas à être silencieux, à cause du plateau. Arrivant à la chambre, je dépose ce dernier sur un coin du bureau.

Tu semblais si concentré, ça m'irritait légèrement. Je voulais que tu me vois, et que tu me parles. Je me mis alors à genoux, pour me coller à toi, et j'ai collé ma tête à ton cou. Je humais ton odeur, tu avais toujours cette odeur d'homme fragile, c'était adorable. Te caressant les cheveux, j'ai sentit ton coude, et je souris.

Aller Nathou. Je t'ai fais à manger, tu vas perdre des forces si tu ne te nourris pas.

J'ai pris une frite que j'ai trempé dans de la sauce, et je la tendis vers la bouche de mon amant, pour le prendre comme un petit bébé. Mais c'était surtout ses lèvres que je voulais. Je m'approchais doucement l'embrassant au cou. Un, puis deux baisers. Je voulais qu'il s'abandonne.

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