♦ Nuages absents. ♠ [Nathanael → Aiko.]

«Paisible, beaucoup trop paisible.»

Aujourd'hui, il faisait beau, il faisait chaud et c'était le week-end. Nathanael avait fuit la maison de ses parents pour quitter l'ambiance trop pesante. Il s'était encore fais engueulé. Une bagarre qui a mal tournée, une note d'hôpital beaucoup trop chère, pour rien du tout en plus. Ce n'était rien qu'un petit peu de sang mais les parents sont tous les mêmes, ils s'inquiètent pour rien et Nathanael ne voulait aucunement que l'on s'occupe de lui. Alors il prit un chemin quelconque, il était du genre à s'en ficher de savoir où est-ce qu'il arrivera au final, il voulait juste se promener et fumer sa clope tranquillement.

C'était après quelques minutes de marche intensive -car il faut le dire, Nathanael n'était rien qu'un fainéant qui aurait préféré rester peinard dans son lit- qu'il arriva devant un vaste terrain. Une plage, de l'eau, du soleil mais personne en vu.

- Qu'est-ce qu'on va s'emmerder.

Il jeta sa cigarette et l'écrasa avec son pied avant de poser ses fesses sur le sable, les genoux le plus possible rapproché de son buste et le menton sur un de ces derniers. Il scrutait l'horizon, la mer et les reflets que le soleil dessinait dessus. Il ne pensait à rien, on aurait dit que la chaleur le transformait peu à peu en légume, c'était horrible comme sensation, mais Nathanael ne bougeait pas, il restait là, inerte. Etrange, cet endroit.

Les longs cheveux de la lapine flottaient dans l'air suite au puissant vent méditerranéen qui scrutait la plage. Ses chaussures dans sa main droite, Aiko marchait doucement le long du sable tout juste humidifié par les vagues. Elle regardait l'eau salée, mourant d'envi d'aller se baigner et de ne jamais revenir sur la rive. Elle voulait mourir ..? L'expression de son visage était neutre, inhabituel de sa part pourtant. Elle passa une main derrière son oreille pour remettre une mèche de cheveux derrière celle-ci et s'arrêta brusquement. Ses pensées n'étaient nul pour autres que ses amis.. Ses amis tous partis, oui parti, c'est ce mot là. La lycéenne, encore dans ses vêtements de son établissement fredonna un air doux qui se faisait maintenant porter par le vent.

Mourir, oui mourir il le faut.

Nathanael soupirait. Plusieurs fois à la suite, il s'ennuyait beaucoup trop et il ne fallait pas une minute de plus pour qu'il s'en aille. Il avait commencé par secouer ses grandes mains, le sable le gênait horriblement. Pourquoi avait-il donc choisi de rester ici ? Après tout, il n'aimait pas la plage, il n'aimait pas le soleil qui lui cognait sur la tête et il n'aimait pas par dessus tout l'eau. Il se leva et commença à prendre le même chemin que celui du départ. Finalement, les ruelles étaient beaucoup mieux.

C'était un miracle, là-bas, près de l'eau, se trouvait une fille, avec l'uniforme du lycée en plus. Une première rencontre et des oreilles de lapins. Nathanael ne jugeait que par l'apparence, et pour lui, une nana comme ça, c'était forcément une chochotte, un pot de colle. Pourtant il continua d'avancer, puis s'approcha un peu plus près, pour mieux dévisager cette lycéenne qui avait l'air complétement absorbée par la vue magnifique des vagues. Il plongea ses mains dans ses poches et l'air de rien, se planta à côté de la fille aux cheveux couleur rose bonbon, toussotant pour attirer l'attention.

- Sais-tu au moins, ce que ça fait de mourir ?

Eh oui, Nathanael avait entendu le petit chant morose de la jeune fille. Etait-elle folle pour dire une chose pareille ? Quoi que, si elle voulait vraiment tomber dans le néant, c'était son problème. Le grisonnant gardait son air hautin et son sourire malicieux. Il avait tourné le visage vers l'étendue bleue, ne s'approchant pas trop pour ne pas mouiller ses nouvelles pompes.

N'ayant pas senti la présence qui c'était installée à côté d'elle, la petite lapine sursauta lorsque le mystérieux garçon s'adressa à elle.

"Sais-tu au moins, ce que ça fait de mourir ?"

Tourna alors son doux visage à moitié caché par ses cheveux en pagaille qui volaient dans tout les sens, Aiko essayait tant bien que de mal de voir le visage de son interlocuteur. Qui était-il ? Elle ne l'avait jamais vu avant, elle prit alors une tête dépourvue et gênée.

- Eto.. Go.. Gomen je ne savais pas que vous étiez là..

Les joues de la lycéenne virèrent alors au rouge, encore une fois, elle se frotta alors une de ses joues, sentant la chaleur monter dans celles-ci.

Nathanael étouffa un rire après avoir rapproché son poing de sa bouche. C'était amusant de voir à quel point il était discret, à quel point les gens peuvent flipper en entendant rien que sa voix si soudaine. Peut-être qu'il aurait simplement dû poser sa main sur l'épaule de la gamine pour la faire flipper encore plus, ça aurait sans doute marché. Il scruta un instant le visage de la jeune fille à côté de lui puis finalement, tourna son visage vers la mer, comme s'il s'en fichait un peu d'elle, haussant les épaules juste après. S'excuser, c'était pour les nuls, surtout que là, il n'y avait pas de quoi.

- Pas de problème mademoiselle, évites de me tutoyer par contre, je ne suis pas un vieux.

Il enfouit ses mains dans ses grandes poches, se moquant intérieurement de la lapine dont les oreilles lui donnaient un peu un air idiot, un air niait, innocent, alors que ses joues étaient roses. Il n'y avait pas de raison d'être intimidée et ses cheveux, avec le vent, lui cachait le visage. Nathanael lâcha un soupire exaspéré, elle avait vraiment l'air d'être une nunuche celle-là, mais il ne dit rien, il restait là, à regarder à l'horizon.

"Pas de problème mademoiselle, évites de me vouvoyer par contre, je ne suis pas un vieux."

La lapine rabattit ses cheveux derrière son dos pour ne plus se les prendre dans les yeux lorsqu'elle parlait, c'était tellement énervant en faite alors bon elle a eut raison de faire ça. Pourtant, n'entendant plus aucunes réfections de la pars de ce mystérieux bonhomme, Aiko tourna alors sa tête vers lui et le regarda en essayant de savoir à quoi bon il pouvait penser lui quand il regardait la mer. Elle se gratta alors la tête, ses joues devenant encore un peu plus rosée et elle baissa un peu sa tête en regardant ailleurs lorsqu'elle s'adressa de nouveau au garçon.

- D'accord excuse moi... Dis.. T'en penses quoi toi ?

C'était sorti tout seul ! Hanlalaaaa comme si son air de nunuche ne lui suffisait pas, il fallait maintenant qu'elle le confirme en posant des questions idiotes.

C'était chiant de voir à quel point, Nathanael pouvait parfois être comme un gros vieux grincheux qui se contrarie à la moindre chose. La pauvre petite Lapine devait le prendre pour un méchant garçon, ce qu'il était d'ailleurs, mais c'était plus fort que lui et il ne savait pas comment faire bonne impression puis de toute façon, il n'en avait pas envie. Alors il plia ses genoux et resta accroupi, contemplant la mer, sans rien penser, sans rien dire. A quoi bon parler ? Puis voilà, la question totalement idiote venait d'éclater, elle venait de briser ce long silence presque pesant. Il tourna son visage vers celui de la violette, puis prit ses joues entre ses mains, ses yeux retournant à l'eau et aux vagues qui claquaient sur le bord.

- J'en pense quoi hein ? Mh, je trouve ça beau et en même temps, vachement ennuyant.

Il avait soupiré, puis il s'était redressé pour taper dans un galet, signe qu'il n'était pas furieux, juste parce qu'il en avait envie. Nathanael avait repoussé ses cheveux en arrière qui lui arrivait dans les yeux à cause du vent, c'était désagréable et ça le fit ronchonner, une fois de plus, pour ne pas changer.

La jeune Aiko contemplait toujours d'un oeil attentif l'étranger qui c'était présenté derrière elle il y a peine une dizaine de minute. Il l'intriguait assez il faut le dire, pourtant les gars au caractère fort, ça Aiko en avait l'habitude avec toutes ses anciennes connaissances brèves qui remontent au collège. Un sursaut ramena l'étrange lycéenne sur terre, le garçon en question venait de répliquer.

"J'en pense quoi hein ? Mh, je trouve ça beau et en même temps, vachement ennuyant."

D'un certain côté, c'est vrai qu'il n'avait pas tord, mais d'un autre côté, ce paysage était si... Si beau non? Aiko en eut des frissons rien que d'y penser. Le garçon maintenant à croupis sur le sable, la lapine se sentit bête de rester debout et s'assois donc par terre, appuyée sur ses mains.

- Tu as peut être raison.. Mais c'est beau je trouve

Nathanael venait de sentir la présence de la lapine. Peut-être que ses oreilles trop grandes lui grattouillait le crâne, ce sont il avait horreur, non, c'était juste le vent qui repoussait de lui même, ses cheveux en arrière. La jeune fille s'était accroupie, comme le grisonnant qui claquait de sa langue contre son palais, ce qui pouvait être bien désagréable au bout d'un moment. Il n'était pas vraiment quelqu'un de très appréciable, d'ailleurs, personne ne l'aimait vraiment, lui et il n'en avait rien à faire. Il ne voulait pas que l'on s'attache à lui, il ne s'attachait à personne. Ainsi allait la vie, chacun sa route, chacun son chemin. Il n'avait pas vraiment envie de répondre, il avait tout simplement la grande flemmardise d'ouvrir son grand bec pour dire quelque chose, puis au final, il sorti seulement trois mots.

- Tu t'appelles ?

La lapine était suffisament près pour entendre ce que venait de dire Nathanael. Il avait murmuré, ou parlé dans sa barbe, nous ne savions pas trop, c'était à peine compréhensible et puis après tout, tant pis si elle n'avait pas comprit. Il venait de mettre du sable sur ses chaussures bien aimées, ce n'était pas grand chose, juste un peu de poussière dorée, mais lui, il trouva le moyen pour en faire tout un plat, mais seulement intérieurement, pour ne pas que la jeune fille soit agacée. Enfin, il s'en fichait, après tout.

Ecoutant le son de la langue qui claquait sur le palet de son voisin, Aiko ne détourna pas pour autant sa tête, ses yeux toujours rivés sur les mousses des vagues qui se trouvaient juste face à eux. Elle était comme absorbé par cette étendue d'eau salée. Elle ne savait pas pourquoi, mais cela l'apaisait. Soudainement, une question ramena la lapine sur terre, elle se tourna alors vers son interlocuteur.

"Tu t'appelles ?"

- euh.. Je m'appelle Aiko.. Et toi ? :o

Elle le regarda en penchant sa tête sur le côté, y a pas à dire il allait encore penser que c'était une position débile, mais bon, tant pis. Elle était comme cela, elle n'allait pas changer pour faire plaisir à cet imbécile quand même !

Aiko. C'était un prénom pas très commun. Déjà, les lapines n'étaient pas vraiment très rependue dans la région. Peut-être qu'Aiko était la seule. Nathanael habitait ici depuis un bon moment mais il connaissait déjà assez bien la ville, assez pour avoir un dossier au commissariat et à l'hôpital de la ville. C'était un sale garnement, un élève perturbateur, une racaille, un petit délinquant. D'ailleurs, cette gamine avait bien de la chance de ne pas se prendre la tête maintenant avec Nathanael, surtout que les nanas comme elles, il ne les sentait pas vraiment. Il ne tourna pas son visage vers celui de sa voisine, il continuait de regarder ses chaussures et le sable qui s'était logé dessus.

- Nathanael, ravis.

Il prit un peu de sable dans sa main et souffla dessus, comme le vent l'aurait fait. C'était fascinant à voir, en tout cas, pour lui. Il agissait souvent de façon un peu idiote lui aussi, mais il se rattrapait toujours avec autre chose. Soit un regard blasé, soit un ronchonnement, il était fort à ça.

La lapine jeta un fin coup d'oeil à son interlocuteur, celui-ci semblait assez intrigué par le prénom qu'était sorti de la bouche de la jeune lycéenne. Elle gonfla alors ses joues, un peu vexée de cet air assez prit de haut et lui tira la langue comme une enfant de 6ans.

"Nathanael, ravis."

-Oui bah ravi aussi !!

Bien que la lapine lui tournait le dos, elle ne pu ne pas entendre le fort souffle du garçon, elle se retourna donc pour voir sur quoi il soufflait : sur ses chaussures pour enlever le sable... Elle explosa alors de rire.

La langue d'Aiko n'était pas percée, pas comme celle de Nathanael où se trouvait une jolie boule verte et jaune. C'était son bébé, son jouet et il se souvenait à quel point il avait dérouillé, les premiers jours. Mais on se faisait à tout, au bout d'un moment, même à la douleur et Nathanael le savait depuis longtemps, maintenant. Il observait ses chaussures avec cet air renfrogné, il fallait se douter qu'en venant à la plage avec quelque chose aux pieds, le sable viendrait camper dessus. Mais Nathanael ne réfléchissait pas souvent, il agissait tout le temps avant de penser aux conséquences. Il soupirait et s'en fichait totalement de ce que la lapine pouvait bien raconter, il était absorbé par ses pompes, par le sable et par le vent qui commençait à se lever petit à petit.

C'était seulement en entendant le rire aigüe d'Aiko qu'il revint sur terre. Il gratta sa joue, il ne comprenait pas tout. Pourquoi est-ce qu'elle rigolait, cette gamine ? Qu'est-ce qu'il y avait d'amusant ? Ah oui, les réactions de Nathanael et cette maniaquerie. Il se redressa et sans méchanceté, il tapa délicatement l'épaule de la rosette. C'était d'ailleurs un miracle, d'ordinaire, il ne serait pas si doux, il lui aurait foutu un bon coup, à lui déboiter l'épaule, mais bizarrement, cette fille avait l'air fragile et il avait peur de lui casser quelque chose, de l'abîmer, puis cogner aujourd'hui, c'était non merci, il n'était pas d'humeur.

- De quoi est-ce que tu te moques ?

Riant toujours la lapine se calma doucement lorsque le grand garçon vint lui donner une petite tape sur l'épaule, Aiko elle le prit comme une petite tape affective, après tout c'est vrai qu'il n'y avait aucune violence dans cet acte, m'enfin, faut dire que la petite lapine est assez naïve donc bon.

De quoi est-ce que tu te moques ?

Tout en restant assise, la lycéenne agita rapidement ses mains en regardant son interlocuteur.

-Ahhh non non non je ne me moque pas :O ! Tu m'amuse c'est tout ..!

Elle ne rit pas cette fois, elle se contenta de faire un doux sourire.

Nathanael était maintenant sur ses pieds, il avait tiré la langue, comme un gamin mais ça lui donnait plus une allure de délinquant et ses cheveux étaient un vrai champ de bataille avec le vent. Ses parents lui avaient répétés mainte fois de les couper, ses tifs, mais pour lui c'était hors de question. Puis, il en prenait soin de ses cheveux, c'était pas comme s'il ne les lavait jamais ou s'il ne donnait jamais un coup de brosse dedans. Le rire de la Lapine avait un ton assez aigüe, chiant mais bizarrement, on s'y habituait vite. Il avait posé une main sur sa tête, entre ses oreilles, pour ébouriffer sa tignasse rose, couleur peu commune. Enfin, le gris aussi l'était, surtout pour un jeune de 17 ans, mais il fallait le dire, ça lui allait à merveille et il était sûr d'être unique.

Il avait rit, quelque seconde, c'était quelque chose éphémère puis il avait passé ses bras en dessus de ceux d'Aiko pour la mettre debout. Il lui avait donner un léger coup de front, ce n'était pas méchant mais il n'avait rien de mieux à faire. Il avait aussi prit les chaussures de la lycéenne entre ses doigts. Il en avait un peu marre de faire du sur-place alors avec l'air le plus aimable qu'il pouvait prendre, il demanda simplement.

- On va faire un tour ?

La lapine ne pu s'empêcher de rire de nouveau lorsque le grand garçon aux cheveux gris lui tira la langue, faut dire qu'elle n'était pas tellement habituée à ce genre de situation, vu que généralement c'est toujours elle qui tire la langue. Elle le regarda alors en levant la tête, riant encore mais plus calmement. Mais Aiko s'arrêta net lorsqu'il lui mit sa main sur son cuir chevelu. Elle cligna deux fois des yeux, une expression du visage assez étonné et le regarda toujours : il lui ébouriffa les cheveux, ce qui fit couiner la petite lapine. Puis, la seconde d'après, la lycéenne aux oreilles de lapin fut debout, l'air toujours aussi étonnée et elle se prit une petite pichnette sur le front.

- Ite >.<

Elle frotta alors son front, regardant le grand garçon en fronçant les sourcils car madame était un peu vexée. Aiko remarqua, avec un peu de retard d'ailleurs, qu'il avait ses chaussures dans la main, elle ouvrit en grand sa bouche : une attitude de gamine, encore.

On va faire un tour ?

-Ha...Hai !! -Aiko hocha vivement la tête, retrouvant son sourire enfantin.

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