♦ Occuper la même place, encore et encore. ♠ [Nathanael → Hime.]

L'ennui.
Ce sentiment ressenti le plus souvent pendant les vacances, pendant les cours quand nous n'avons aucune occupation, quand nous nous retrouvons les mains dans les poches, ou assit sur un canapé à zapper plusieurs chaines télévisées. Les parents de Nathanael l'avaient presque obligés à s'enfuir de la maison pour la journée. Leurs sermons interminable lui cassait les oreilles, et c'était lassant, à force. Il était donc sorti, pour chasser les ennuis, ou plutôt l'Ennui, avec un grand "E". On pouvait facilement voir qu'il s'était battu, encore une fois. Sur sa joue était collé un pansement blanc, ainsi que sur son nez. Il avait caché ses bras sous une veste plutôt chaude et douce à l'intérieur. Ce n'était pas un temps à sortir en petite jupe ou en débardeur. De toute manière, Nathanael était toujours bien couvert de la tête aux pieds. Là, au loin, se trouvait un restaurant, très réputé pour ses plats merveilleusement préparés et son service étonnamment rapide. Il s'approcha, lentement, d'un pas las et lourd. C'était toujours la même rengaine. Se disputer, sortir, traîner, boire, dormir. Et ça recommençait, tout les jours, encore et encore. Stupide quotidien ! Nathanael n'avait pas l'habitude de venir dans ce genre d'endroit parce que c'était bien ici que régnait la paix, la joie et la gourmandise. Il essayait de fuir le terrible tourbillon du quotidien. Le jeune adulte n'avait plus le plaisir de manger, c'était à peine s'il n'avait pas oublié toutes les saveurs. Il avalait ce qu'il avait devant lui, sans se demander ce que ça pouvait bien être, il s'en fichait. Oui, il s'en fichait. Une fois devant le restaurant, il poussa la porte sur laquelle était accrochée une petite clochette pour informer un nouveau venu, et puis, ne prit pas la peine de se faire placer, il alla à la table qui lui semblait la meilleure, sans qu'on lui dise d'aller ici, ou là-bas. C'était bondé, en même temps, il était bien midi et les gens prenaient leur pause dans ces eaux là. Il avait croisé les jambes, les bras aussi et attendait impatiemment qu'on lui propose un verre d'eau, ou le menu. Il avait toujours cet air blasé collé au visage, et son pansement le gênait, il avait pensé mainte et mainte fois à l'enlever, mais sa plaie était une horreur ambulante, alors il renonça. Il leva les yeux, et là, juste en face, assise derrière la table. Là, oui, juste là. Elle était là.
La surprise.
Elle était là. Oui, penchée au dessus de sa boisson qui fumait. Ses cheveux turquoise étaient magnifiquement attachés en chignon relevé et quelques mèches s'échappaient de l'élastique, prêtes à tremper dans sa petite tasse, sur laquelle était marqué le nom du restaurant. Nathanael ne pouvait voir son visage, car celui si était baissé, mais sa princesse était reconnaissable parmi tant d'autre jeune fille. Il était surpris, mais agréablement étonné. Son visage s'était adouci et avait laissé place à un espèce de sourire attendri en observant sa jeune amie, qui s'amusait à faire flotter des bouts de croissants dans son chocolat. C'était bien elle, ça. Puis, elle était étrange. Un croissant à midi, quel idiote ! Nathanael avait ri. Il avait ri. Il s'était levé, son genoux avait tapé le revers de la table mais ça le laissait totalement indifférent, il ne pensait plus qu'à cette gamine, trop occupée à jouer avec ses bouts de croissant pour ne pas remarquer le grisonnant, qui se tenait maintenant en face de la table, les mains sur le dossier de la chaise libre et le dos légèrement courbé, pour arriver à proximité du visage de la turquoise. Il toussota, pour la faire réagir et puis, il regarda par la fenêtre nickel, qu'on pourrait croire invisible, avant de lancer sur un ton non-maitrisé, un peu tremblant, chose très rare chez lui:
- Dis moi bonjour, Hime.

Elle lui avait manqué, il n'avait pas donné de nouvelles. Pourtant, il aurait très bien pu le faire, il avait retrouvé la carte d'étudiante d'Hime dans son tas de vêtement qu'elle avait oublié chez lui. Chez lui, quand elle était venue dormir, à ses côtés. Quand elle s'était tordue la cheville, la maladroite. Quand il avait prit le soin de bien la soigner, de lui apporter son petit déjeuner au lit et de lui prêter ses vêtements trop grands. Les souvenirs le rendaient nostalgique. Comme beaucoup de chose. Il essayait de fuir, tout comme le quotidien, les souvenirs inutiles. Alors tout les souvenirs, toutes ses images, s'en vont, jusqu'à ce qu'il ne s'en souvienne plus. Oublier toute trace de joie, toute trace d'amour, toute trace de tendresse. Il n'avait rien oublié d'Hime. Même pas leur rencontre désastreuse qui le faisait bien rire à présent en y repensant. Il avait serré les mains contre le dossier de la chaise, son sourire s'était dissipé, jusqu'à ce que la princesse, capricieuse, se jette à son cou. Elle avait fait preuve de délicatesse, et ses bras fins s'étaient enroulés autour de la nuque de Nathanael avec une agilité inouïe. Alors que ses mains quittaient le dossier de la chaise pour se poser sur la taille de guêpe de son amie, celle-ci eu un recul, sans doute à cause de la gêne. Il en avait sourit. Elle lui avait manqué, elle aussi. Et c'était merveilleux de voir à quel point on pouvait tenir à quelqu'un, et être important pour cette personne en retour. La tasse de la princesse avait été renversée, à cause de son élan soudain il y a quelques minutes auparavant. Il avait haussé les épaule, en guise de réponse et, comme pour l'attirer contre lui, avait saisi les pattes de son écharpe. Il avait réussi. Les longs doigts de Nathanael se retrouvaient sur les hanches de la jeune fille, son visage dans son cou. Elle embaumait l'abricot et le lait, elle sentait bon et Nathanael avait besoin de cette étreinte, qui pourrait paraitre longue pour Hime. La respiration du grisonnant faisait rougir la peau délicate de son cou et il se mit à rire avant de se taire un instant, pour ensuite reprendre la parole.
- Tes vêtements...Ils sont encore chez moi. - Il se tut, pour laisser une minute de réflexion à Hime. Celle-ci ne devait pas comprendre grand chose à tout ce charabia, surtout qu'il parlait tout contre sa peau douce et maintenant tiède. Il avait attendu, un bon moment avant de la revoir et il était reconnaissant envers le hasard, mais pas le destin. Le destin n'était que poussière. Ses mains avaient finies par glisser le long du dos de la turquoise, pour finir dans le creux de celui-ci. C'était ridicule, de rester aussi longtemps dans les bras de son amie, on aurait cru voir des amants. Des amants, dites moi que je rêve.
- Tu aurais pu venir les reprendre, je t'aurais ouvert ma porte. - Il haussa les épaules et se détacha rapidement de la princesse. Il fit comme si cette étreinte de cinq, six, sept minutes n'avaient pas eu lieu, et s'assit sur la chaise en face de celle où sa camarade était pstée au départ. Sa tasse avait été remplacée par une nouvelle, un chocolat chaud entier dedans. La table était nickel. C'était donc vrai, le service ici, était impeccable et il n'y avait vraiment rien à redire. On se croirait dans un film, DITES MOI QUE JE RÊVE.

Il leva les yeux vers sa princesse, qui semblait irritée, sans doute parce que son étreinte si tendre, pleine d'amour, venait de s'arrêter, sans doute parce qu'il venait de faire comme si rien ne s'était passé. Nathanael vivait dans la peur. C'était assez étrange dit comme ça, car il affirmait n'avoir jamais peur de rien. Pourtant c'était faux. Il avait peur de tellement de choses, qu'il avait besoin de se protéger de tout. Il se disait sans cesse qu'Hime était en danger avec lui, il se le répétait à chaque fois qu'il voyait le visage de la turquoise se fendre d'un joli et joyeux sourire. Il ne voulait pas s'attacher, non, il ne devait pas. Pour ne pas souffrir, pour ne pas blesser. Alors il devait oublier. Tout oublier, encore et encore. Vivre dans le mensonge. Peut-être même ne pas vivre. Non, Nathanael ne vivait pas. Il croisa les jambes une fois assis sur sa chaise, et les bras aussi. Ca position initiale, la même qu'il avait adopté sur son ancienne table. Il fit glisser son doigt autour du verre d'eau qu'on lui avait servi, afin de laisser un bruit sourd s'échapper dans le restaurant. Il avait une nouvelle fois baissé les yeux, avant de hausser les épaules.
- Bien sûr. Et tu sais quoi ? Cette fois, l'appartement est rangé, et j'ai mis des tapis partout sur le sol de la salle de bain, pour que tu ne tombes plus...- Pourquoi ? Pourquoi avait-il besoin de se sentir si nostalgique, si faible, si triste à l'instant ? La tristesse. Il pensait l'avoir oublié celle-là. Il devait boire, vite, pour chasser ce terrible sentiment qui lui tiraillait le ventre et lui serrait le coeur. Il leva la main, pour appeler un serveur qui avait rappliqué dans la minute. Nathanael commanda une vodka, affirmant avoir bien 18 ans. De toute manière, il faisait bien plus que son âge. Une fois le serveur éloigné, il posa ses doigts sur ses tempes, qu'il s'était mis à masser. Il en avait marre de penser, tout le temps, et se poids qui ne cessait de s'alourdir dans son esprit, dans son coeur, c'était insoutenable. Sa vodka venait d'arriver sur la table. Nathanael se courba légèrement pour remercier le serveur, très rapide et encore une fois, joua avec le bout de son index sur le bord du verre. Les mots d'Hime le fit revenir à la réalité. Il était dans un restaurant, il venait de la retrouver et il ne lui avait même plus accordé la piètre attention. Il la regarda, avec des yeux ronds, comme étonné, pour rien et posa sa main sur sa joue. Sur son pansement qu'il avait totalement oublié.
- Non. De toute manière, c'est rien de grave. - Avait-il soufflé entre deux soupirs. Il tendit le bras et avait porté sa main près de la joue de sa princesse, sans pour autant la toucher, juste la frôler, et c'était suffisant. Il laissa son bras tomber lourdement sur la table, faisant trembler les verres et puis, il s'empara de son alcool, regarda le liquide bouger et le bu tout entier. Voilà, la tristesse cette fois, allait le laisser tranquille et il se sentait beaucoup mieux.

Nathanael avait baissé les yeux sur son verre vide. Il aurait voulu en commander un autre mais il y renonça, il ne voulait pas terminer ivre alors qu'il venait tout juste de revoir sa princesse, qui lui avait tant manquée. Pourtant il n'avait pas l'air réjouis. Il ne souriait pas et il plombait, foutait à l'eau la journée d'Hime, qui devait sans doute se demander ce qu'il lui arrivait, encore une fois. Il passa ses mains sur son visage. Son verre n'avait servi à rien, il se sentait encore plus triste, culpabilisait. Il était un autre devant elle, il était totalement différent et c'était l'une des raisons de sa faiblesse. Il ne savait pas quoi lui dire, il ne savait pas quoi faire. Il voulait la voir sourire mais il faisait tout pour que ça n'arrive pas. Il était pathétique, ridicule et lui-même, s'il avait vu une personne dans cet état en face de lui, il lui aurait ris au nez. Alors il y avait ce silence, cette putain de distance entre eux, cette douleur qui s'amplifiait chaque seconde, chaque fois qu'il levait les yeux vers le petit bout de femme devant lui. Elle était triste. Elle l'était parce que Nathanael n'était pas bien, dans sa tête, dans son corps. Il fut étonné, en voyant les doigts fins d'Hime s'approcher de sa joue, en entendant sa voix, qui lui posait la même question que tout le monde pensait autour d'eux. Il la regardait, la bouche close. Il semblait dérouté, de voir qu'elle s'inquiétait pour lui et puis, voyant qu'il ne disait rien, la turquoise tenta de se réfugier dans les toilettes. Nathanael se leva brusquement, les mains à plat sur la table et le visage baissé. Il ne voulait pas la laisser filer, il voulait qu'elle lui parle, de tout et de n'importe quoi. Il avait besoin de sa présence, il avait besoin de sa tendresse, il avait besoin d'elle, il voulait tout simplement ne pas être abandonné, pas encore une fois. Alors il attrapa la manche de la veste de son amie, qui lui permit par la suite de saisir son poignet et il l'entraina dans les toilettes des dames. Seulement dans l'intérêt d'Hime, pour qu'elle ne voient pas tout ces hommes pisser debout. Il s'était arrêté devant un lavabo, s'était passé un coup d'eau sur le visage et avait ensuite attrapé les mains de la turquoise dans les siennes.
- Hime, je me sens si seul...Si seul...- Il baissa la tête, reniflant exagérément. Il faisait maintenant pitié, à se la jouer malheureux, alors qu'il était encore arrogant il y a quelques minutes. Les doigts du grisonnant s'enlaça entre ceux de la jeune fille, presque déstabilisée par son comportement. C'était bien la première fois que ça lui arrivait, il ne se comprenait plus. Pourquoi devait-il agir comme ça ? Pourquoi se confiait-il ? En avait-il vraiment besoin ? Etait-ce mieux que de se bourrer la gueule pour tout oublier ? En était-ce vraiment la peine ? Plusieurs dames venaient d'entrer dans les toilettes, outragées de voir un homme dans leur coin.

Là, il s'était réfugié au creux des bras de la turquoise. Il s'était laissé bercé par la douce odeur de son amie, par sa douceur, par tout l'amour qu'elle lui apportait. Nathanael n'en pouvait plus, il était sur le point de craquer. Peut-être pleurer. Non, Nathanael n'était pas si fort que ça, il cachait bien sa peine mais il faut dire stop, à un moment. Ses fins et longs doigts avaient agrippés le tissu du haut d'Hime, qui essayait tant bien que mal de le réconforter. Cette fille était un ange. Son ange, droit descendu du ciel pour l'aider à mieux vivre. Nathanael avait le mal de vivre oui, il se sentait mal dans sa peau et extrêmement seul, alors qu'il ne l'était pas. Non, il l'avait elle. Sa tendre princesse qui s'assurait toujours qu'il ne manquait de rien, qu'il allait bien. Elle l'aimait pour deux. C'était sa soeur, son amie, son tout. Nathanael avait rarement été aussi proche d'une fille, mais Hime en valait la peine, car c'était bien la seule à lui ressembler comme deux gouttes d'eau, comme des clones. Une de ses mains s'était réfugiée dans ses cheveux bleu, ses lèvres embrassaient son cou délicat, pour remonter jusqu'à sa joue, et enfin son front. Ses doigts dans son dos continuaient leurs innombrables caresses. Nahtanael avait le bout du nez tout rouge, mais il n'avait pas pleuré. Il ne voulait pas être aussi faible devant Hime, parce qu'il savait que ça la blesserait, elle aussi, et il voulait tout sauf ça, la rendre malheureuse, par sa faute, juste parce qu'il avait un de ses coups de blues passager. Il dériva sa main sur la joue douce, semblable à celle d'une peau de bébé, de sa camarade, et embrassa son front, avec la tendresse du monde avant de murmurer tout contre son oreille.
- Merci. Merci Hime, d'exister.
Ces quelques mots. Ces quelques mots qui ne voulaient pas sortir il y a des semaines auparavant. Ces quelques mots qu'il n'aurait adressé à personne, sans exception. Il les avait dit à Hime, parce qu'il voulait être sincère avec elle, parce qu'il l'aimait. Oui, il l'aimait, vraiment. C'était son petit trésor, son diamant, sa perle rare. Elle était tout ça, mais il ne lui dirait sans doute jamais. Il attrapa délicatement sa main et ils furent sorti des toilettes des dames en un rien de temps. Il avait déposé un peu de pourboire sur la table, ils avaient de toute manière, fini de manger. Il restait un bout de croissant, qu'il enfouit tout de même dans un mouchoir, avant de le glisser dans la poche de la veste de sa princesse.
- Viens, on s'en va.

"Merci. Merci Hime, d'exister."

Ils furent sortis bien vite de ce restaurant où ils avaient du passer la moitié de leur après-midi. Nathanael avait décidé de ne plus se montrer de cette façon devant Hime. C'était un peu égoïste de sa part, parce qu'il ne pensait qu'à lui, qu'à son bien être, son bonheur, sans penser aux autres, et c'était une façon vraiment pathétique de se faire voir. Il avait reniflé même si à l'instant même, rien ne pouvait couler de son nez. C'était comme un automatisme, un tic. Sa main n'avait pas quittée celle de son amie, de sa princesse, qui s'amusait à faire renaitre quelques souvenirs chez Nathanael, qui ne put retenir un rire amusé, caché par son poing libre. Il avait haussé les épaules, et regardait l'heure sur sa toute nouvelle montre, qu'il avait bien entendu, volée à un élève du lycée.
- Oh, ta grand-mère ! J'espère au moins qu'elle se porte bien, c'est une très gentille dame et je suis sûre qu'elle sera une bonne conseillère quand tu iras acheter ta robe de mariée ! - Il avait rit une nouvelle fois, de bon coeur avec sa camarade qu'il avait entrainé à l'opposé du restaurant. L'hôpital était à quelque pas mais Nathanael avait songé à prendre le bus. Non, c'était du temps perdu, seul avec Hime et il voulait en profiter le plus possible. Alors ils venaient tout les deux de passer l'arrêt de bus. Le grisonnant, voyant la turquoise un peu trop près du trottoir eu un recul, et la poussa très légèrement sur le côté, sans la brusqer, pas avec une force de fou furieux, mais avec toute la douceur du monde. Il prit sa place, après tout, elle était si fragile. On ne sait jamais ce qu'il pourrait se passer, si une voiture oserait l'effleurer d'un simple centimètre...
- Ne te méprend pas, on va à l'hôpital pour voir ta grand-mère, pas pour toi quand tu t'auras fais shooter par un camion, ou je ne sais quoi. - Il avait légèrement tiré sur le col de son t-shirt, un tantinet gêné, le regard ailleurs, parce que l'on pouvait bien voir sur son visage qu'il s'inquiétait pour cette gamine, si importante à ses yeux, si unique. Nathanael avait glissé lentement son bras autour des épaules d'Hime, sans la prévenir, mais parce qu'il ressentait le besoin de l'avoir près de lui, juste pour lui faire comprendre qu'il n'était pas un si mauvais garçon et qu'il ne pensait pas forcément, ce qu'il lui avait dit. Ils étaient maintenant bien proche de l'hôpital, on pouvait déjà voir la croix verte clignotante et l'espèce de panneau qui indiquait à quelle distance ils se trouvaient par rapport à l'édifice. Il faisait beau. Un petit peu frai, mais le soleil rayonnait. Son soleil rayonnait. Hime rayonnait, comme chaque fois qu'il la voyait. Elle brillait de mille feu. Elle était son soleil, sa chaleur, sa source de bonheur, son tout.

Mais quelle gamine capricieuse elle était ! Ils venaient à peine de franchir le premier étage que la turquoise était déjà à bout de souffle. Bien sûr, Nathanael avait vu clair dans son jeu, tout cela n'était que du cinéma. Il ne put retenir un rire amusé, les marches étaient énormes mais il y en avait beaucoup trop et forcément, en haut, ils seraient sans doute tout les deux fatigués. Le grisonnant baissa les yeux sur les chaussures de sa princesses, des talons. Franchement, quelle idée. S'il aurait su, ils auraient pris l'ascenseur. Il n'avait même pas prêté cette petite intention, non, il n'avait pensé qu'à sa gueule, comme d'habitude. Alors il prit une mine plutôt honteuse, avant de se baisser et de passer un bras en dessous des genoux de son amie, pour doucement la soulever, son autre membre maintenant le fin dos d'Hime. Il embrassa rapidement sa joue, avant de se remettre à monter les marches. Nathanael n'était pas maigrichon. Certes, il n'était pas gros, mais il avait plus de muscle que l'on pourrait croire, il les cachait juste merveilleusement bien sous ses vêtements. Ah, se battre, ça avait vraiment plusieurs avantages, malgré les disgracieuses traces que cela laissait. Il n'avait pas ajouté un mot, parce qu'il n'avait tout simplement rien à lui dire. Ses gestes parlaient pour lui-même, et il était sûr qu'Hime le comprendrait, parce qu'ils étaient semblables tout les deux, ils n'avaient besoin qu'un seul regard, complice, pour savoir à quoi pense chacun. Il avait seulement toussoté, pour cacher sa gêne. Ils étaient maintenant à la fin deuxième étage et Nathanael n'était pas fatigué, il ne ressentait aucune faiblesse dans ses bras, ni dans ses jambes, Hime avait l'air légère comme une plume, elle était frêle et le grisonnant, s'était promis, que le jour où il l'inviterait chez lui, il la gaverait, pour lui faire prendre un petit peu de poids, sans la rendre énorme, parce que c'était une évidence: Nathanael aimait la perfection et donc, n'acceptait aucune rondeur, aucun bourrelet de graisse, qui pourrait dépasser du jean. Il gravissait les marches une à une, lentement, pour ne pas faire de faux pas, pour ne pas tomber et blesser la jeune fille qu'il avait dans les bras. Ils furent enfin arrivés et le grisonnant, à son habitude, n'eut pas daigné retenir un peu de provocation.
- C'est pas trop tôt, t'es tellement lourde que j'ai l'impression d'avoir les deux bras pétés là. - Il avait grincé des dents avant de cacher son visage entre ses cheveux, pour rire discrètement. Enfin, pas vraiment, car on pouvait bien voir ses épaules se soulever au rythme de ses railleries. Il s'était calmé et avait, une nouvelle fois, attrapé la douce et petite main d'Hime, pour la trainer jusqu'à la chambre de sa grand-mère. Il lâcha ses doigts, ajusta sa chemise, ainsi que sa veste, et ses cheveux, par la même occasion. Il jeta un regard moqueur à sa camarade avant de finalement, repousser un de ses cheveux turquoise derrière son oreille décorée de jolies boucles en forme de papillons. Il en profita pour embrasser son front, passer son bras autour de ses épaules et il toqua à la porte, avant d'entrer et de déclarer joyeusement.
- C'est nous !

Alors, c'était ça. Oui, c'était ça. Nathanael se sentait tellement bien, tellement heureux, à cet instant. A croire que rendre visite chez cette vieille personne, qui était en plus, la grand-mère de sa princesse, était la chose la plus extraordinaire du monde. Sans doute parce qu'il n'avait jamais eu le droit, à ça, lui. Pourtant, il n'était pas du genre à aimer les chambres d'hôpital, et puis, ça sentait les médicaments partout, la stérilisation aussi, le propre. C'était nickel, désinfecté de partout. Ce n'était pas l'endroit le plus rassurant, mais c'était là où tout sortes de sentiments se combinaient. Nathanael s'approchait, alors lentement du lit de la vieille personne, allongée, mais radieuse, grâce à l'énorme sourire qu'elle arborait, malgré ses rides, de plus en plus voyante avec l'âge. Par la plus grande surprise du grisonnant, sa camarade avait glissé sont bras autour de lui, de sa taille. A ses habitudes, il aurait tout de suite repoussé ce contact, avec cet air méprisable. Mais il devait jouer la comédie, jouer le futur fiancé, le petit ami. Pourtant, tout avait l'air si sincère chez Nathanael, peut-être même qu'il l'était. Oui, il ne pouvait faire semblant, en présence d'Hime. Non, il n'aurait jamais poussé son bras, parce que c'était Elle. Elle, oui, avec un grand "E". Elle tout entière. Il l'aimait, il ferait toujours son possible pour ne pas la blesser, la rendre heureuse, comme elle le faisait, à la perfection avec lui. Il souriait, attendrit, par chaque chose qui l'entourait, chaque gestes et chaque sourires, des deux filles, l'une fatiguée par la vieillesse, l'autre comédienne. Il s'était légèrement écarté, pour embrasser le front marqué de la grand-mère d'Hime, à la peau fraiche, parfumée à la menthe, sans doute à cause du gel lavant de l'hôpital. Nathanael aurait voulu lui apporter un flacon de savon à la cerise, il savait bien, que ces choses là, plaisaient aux filles. Il avait ensuite caressé la joue de la dame, allongée sur le matelas, avant de se redresser pour prendre la main de la turquoise dans la sienne et déposer un léger baiser sur ses fins doigts. Il prit des nouvelles de la vieille personne, lui demandant son état. Il prenait un malin plaisir à faire rire cette grand-mère, d'où la joie émanait, tournant parfois le visage vers Hime, pour lui accorder aussi, plus d'attention qu'elle ne souhaiterait recevoir. C'était une évidence, Hime avait toute l'attention de Nathanael. Oui, tout le temps, sans arrêt. Et puis, il s'était mis à rire. Pas trop fort, pour ne pas trop se faire remarquer. Il était heureux. Il était heureux avec Hime, son amour d'arc-en-ciel.